A l’heure où le Power Metal est en perte de vitesse et peine à retrouver de nouvelles figures de proue (même si Sabaton est actuellement en train de s’affirmer comme l’un des leaders du mouvement), une fois n’est pas coutume, l’espoir vient de France. Il vient de Nice plus précisément. Car si vous êtes un lecteur assidu de Spellbound, vous devez avoir entendu parler de Toxxic Toyz, un groupe auquel nous avons toujours accordé du temps de parole, que ce soit avec son premier album F.E.A.R. ou par le biais d’interviews.
Comme son nom l’indique, Mutation apporte plusieurs changements au groupe. Des changements tels qu’on peut tout simplement parler d’évolution. Déjà, le line-up du groupe a changé, Tomy Bones remplaçant Elrick à la basse mais surtout Arvi laissant le micro (pour ne s’occuper désormais que de sa six-cordes) à Dave McBee, un chanteur américain tout à fait talentueux. La production, si elle n’est toujours pas parfaite est néanmoins plusieurs crans au dessus de celle de F.E.A.R. conférant à Toxxic Toyz un statut plus professionnel, un aspect renforcé par sa signature sur le label Nightmare Records.
Mais surtout dans cette « mutation », c’est la musique du groupe qui a clairement évolué ! Car si les musiciens nous avaient prouvé par le passé qu’ils étaient de très bons techniciens, ce Mutation est un album plus mûr, plus sombre, plus heavy et plus alambiqué. Nous avons affaire ici à un Power Metal intelligent (les textes le sont également) et parfaitement maîtrisé, ne tombant jamais dans la pompe éhontée.
Le groupe n’a pas non plus oublier son côté Prog avec des morceaux comme « Innocent Blood » ou bien « Time For Action » qui nous propose d’excellents solos de guitare. Mais la pièce maîtresse de cet album réside dans le triptyque « The Garden Of Always » constitué de « In The Garden » qui commence tout doucement avant de prendre de la vitesse sur « Reasons For Our Fall » amenant l’instrumental « Mutation » qui reprend la mélodie de départ, les trois chansons étant de toutes façons liées constamment. Un tour de force qui prouve que le groupe sait développer son sujet et le maîtriser à la perfection.
Evidemment, cette deuxième offrande des Niçois nécessitera plusieurs écoutes avant d’être appriécée à sa juste valeur, mais une fois que le virus est attrapé, il n’y a pas de remède, cet album tournera en boucle sur votre platine ! Et cet effet n’est pas étranger à la prestation de Dave McBee, tout simplement excellente. Le chanteur est toujours juste et puissant et nous offre des parties de chant assez jouissives sur le puissant et effrené « Chaos ». Mais soyons juste et ne félicitons pas uniquement le vocaliste car tous les musiciens se sont poussés jusqu’à leur maximum (ce travail sur les guitares et la double pédale !) pour obtenir le résultat probant immortalisé sur cette galette.
Pour autant, si les titres sont longs et méritent réflexion et attention, le groupe s’est montré bon joueur en insérant une ghost-track en fin d’album pour le moins fun. Sans oublier quelques paroles narrées par Dave, en total décalage avec les morceaux auxquels ils mettent un terme. Une belle preuve de non prise de tête.
Alors comme le disait le Professeur Charles Xavier, fondateur des X-Men : « La mutation, c’est la clé de notre évolution. C’est elle qui nous a mené de l’état de simple cellule à l’espèce dominante sur notre planète. Mais tous les deux ou trois cents milles ans, l’évolution fait un bon en avant... »
Mais Toxxic Toyz a clairement brisé le cours de l’évolution car il n’aura eu besoin que de trois ans pour arriver à une mutation impressionnante de maturité et de maîtrise. Un fait totalement ahurissant quand on pense que le line-up actuel n’a pas composé cet album, puisque tout était presque prêt un an après la sortie du premier album. De quoi laisser de grands espoirs pour la suite... Mais maintenant, c’est au tour du public de jouer et de reconnaître cet album à sa juste valeur qui surclasse littéralement toutes les sorties Power Metal de ces derniers temps (voire de l’année) et de permettre ainsi à Toxxic Toyz de donner un successeur à Mutation. Sans quoi le quintette serait obligé de s’arrêter en si bon chemin. Voilà qui serait une tragédie. Vous êtes prévenus !