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MUTATION
2010
HeavyLaw



Mutation, jamais un album n’aura aussi bien porté son nom. Nouveau line-up, évolution du style, du son, c’est bel et bien une mutation qu’ont subi les Toxxic Toyz, groupe hybride entre heavy et prog originaire de Nice. En effet, depuis F.E.A.R., premier opus fort réussi, de l’eau a coulé sous les ponts et le groupe accueille désormais un nouveau bassiste en la personne de Tomy Bones ainsi qu’un chanteur allégeant ainsi la charge de travail d’Arvi, cantonné à sa seule guitare. Malgré tout, la basse enregistrée ici reste celle d’Elrick, ayant quitté le navire il y a peu.

Si leur premier album témoignait d’un réel professionnalisme et d’une qualité impressionnante, que ce soit au niveau des morceaux que du simple rendu sonore, on pouvait (si on n’avait vraiment rien d’autre à faire) lui reprocher une trop grande hétérogénéité, passant du prog au speed, avec escale sur la case "Hard FM", ce qui, pour le coup, disparaît complétement ici.

Car avec Mutation, le ton s’est durci, l’écriture s’est faite collective et le résultat s’en ressent. On parle maintenant métal et rien d’autre, un métal sombre prog-mais-pas-trop, ne versant jamais dans la complexité gratuite et privilégiant les structures rentre-dedans plutôt que les soli de 28 minutes et un son froid enveloppe les 7 morceaux de cet album (si on ne compte pas l’intro), en parfaite adéquation avec la pochette, aux couleurs glaciales, qui, à l’instar d’Anathema, doit venir de la fameuse "machine à pochette". Oui, vous savez, on lui donne un cd, elle l’écoute, et elle traduit en dessin, génial, n’est-il-pas ?

Dès l’intro, mystérieuse à souhait, l’auditeur rentre dans l’univers créé autour d’un thème commun, l’évolution de notre monde et son inexorable chute, le temps qui nous reste étant compté. Et c’est "donc" sur Racing the Clock que s’ouvrent les hostilités, morceau au rythme écrasant qui, comme pour mieux illustrer son titre s’emballe lors du refrain, et jongle ainsi entre les tempo (tempi ? que doit-on dire ? je ne sais pas, je ne sais plus, je ne sais rien...), posant ainsi le décor du Toxxic Toyz nouveau. Du "salad bowl" (ou tous les ingrédients sont séparés), nous sommes passés au "melting pot" (tout est mélangé), sorte de brassage donnant une teinte unique à la musique du groupe, qui, a trouvé ici une couleur bien à lui, tant il est difficile d’en dégager clairement les influences.

Cette entame d’album nous fait découvrir la nouvelle voix du groupe, l’imposant Dave McBee, dont le timbre rappelle Russel Allen, disposant d’un coffre incroyable. Si on a un tant soit peu perdu en originalité par rapport à l’ancien vocaliste, on n’y a gagné en puissance et en nuance, le Dave étant à l’aise dans tous les registres, et se retrouvant plus qu’à sa place dans ce Mutation qui nous offre des morceaux plus porteurs d’ambiances, à l’image de cet Innocent Blood, à la ligne directrice instable, sorte de "mini" morceau à tiroir, qui, par sa singularité marque en quelque sorte la séparation entre les 2 faces de cet album, après l’entame plus qu’efficace constituée par, donc, Racing the Clock et ses petits frères, le speed Chaos et le plus prog Time for Action, pourvoyeur de sonorités légèrement futuristes et d’un joli intermède laissant les guitares pleinement s’exprimer. Car on peut ici souligner la parfaite complémentarité des guitares, tenus par Arvi Kaint et Fred Burst, passant de rythmique à solo en un clin de médiator.

Quant à la "deuxième partie", si elle nous offre un plus léger Worth Gold à l’esprit un peu plus rock n’ roll et œuvre dans le sombre et torturé avec The Plage, qui, au passage, démontre le jeu de batterie jamais inutilement technique et pourtant inventif et incisif de Rick Pride, elle éclipse ces deux morceaux par le gros pavé de steak de cheval que constitue l’époustouflant The Garden of Always. Morceau ambitieux et à multiples facettes, il est ici découpé en 3 morceaux mais s’écoute d’un traite sans qu’il n’y laisse paraître quoi que ce soit. Commençant comme une ballade aux arpèges simples et magnifiques (In the Garden), The Garden of always monte en puissance pour exploser et nous livrer du bon heavy comme on l’aime sur Reasons For our Fall, puis rentrer dans le rang sur Mutation, dans le style en vigueur jusqu’alors sur les précédents morceaux, pour s’effondrer, voir les guitares devenir folles et l’arpège initial de conclure.

Pour ceux qui se procureront l’album, nous sont "offertes" plusieurs interventions amusantes à défaut d’être parfaitement comprises de Dave, qui égayent par pincées cet album globalement sombre, mais je n’en dirai pas plus.

En définitive, Toxxic Toyz vient de livrer là une copie quasi-parfaite, avec un son en béton, une cohérence qui manquait peut-être à leur précédent méfait, et mérite vraiment une reconnaissance plus ample, car, du talent, il y en a, et, s’ils continuent sur cette voie, attention à la prochaine cargaison !


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